Les Mères ont si profondément marqué l’histoire de la gastronomie lyonnaise que l’on continue aujourd’hui d’en dévorer l’héritage. Ces cuisinières fameuses, sources d’inspiration éternelles pour les chefs, étaient pour la plupart des filles des campagnes, employées dans des maisons bourgeoises à Lyon avant de s’installer à leur compte. Leur cuisine riche et copieuse, mêlant les influences de leurs terroirs d’origine aux recettes bourgeoises, fut d’abord consommée par les ouvriers et soyeux lyonnais, avant d’être plébiscitée par les notables, industriels et hommes politiques.
Certaines d’entre-elles s’imposèrent comme de véritables génies culinaires, telles la Mère Fillioux ou la Mère Brazier, triplement étoilées au Michelin. Près de Lyon, la Mère Bourgeois (à Priay) et les Mères Blanc (à Vonnas) décrochèrent aussi une pluie d’étoiles. Ces maîtresses-femmes, réputées pour leur rondeur corporelle et leur tempérament de feu, furent les porte-drapeaux d’un phénomène qui connut son apogée dans les années 20 et 30. Plus tard, d’autres Mères ont à leur tour laissé leur empreinte dans la cuisine lyonnaise : la Mère Léa (Léa Bidaut, La Voûte), Madame André (Goiran, le Molière et la Sauvagie), Paulette Castaing (Le Beau Rivage à Condrieu)…
Encore une de nos cuisinière membre des Toques Blanches Lyonnaises entretient aujourd’hui ce feu sacré : Florence Périer (Le Café du Peintre) partage les mêmes valeurs et transmet cet héritage de convivialité et de générosité, dans son accueil comme dans l‘assiette.